QUEL EST L’IMPACT DE L’IA GÉNÉRATIVE DANS L’ÉCONOMIE MONDIALE ?
QUELS SONT LES
AVANTAGES ÉCONOMIQUES DE L’IA GÉNÉRATIVE
L’intelligence artificielle a de nombreux impacts dans notre monde, que ce soit géopolitiques ou encore économiques. Avec le développement de cette technologie, c’est la création et la croissance de nombreuses nouvelles entreprises, mais aussi des modifications de process pour les entreprises ayant intérêt à utiliser de l’IA. Les artistes et leurs modèles économiques sont aussi impactés par l’arrivée de l’IA dans leurs domaines.

Le développement des entreprises créatrices d’IA générative
Les entreprises d’Intelligence Artificielle Générative ont connu un développement fulgurant ces dernières années.
Lorsque l’on parle d’IA, c’est l’entreprise de ChatGPT qui nous vient en tête. L’entreprise mère, OpenAI, a connu une ascension fulgurante sur le marché de l’IA pour en devenir un élément principal de celui-ci.
- Collaborations avec les ingénieurs, chercheurs, institutions de recherche : au début OpenAI une association non-lucrative
- Des investissements importants dans ces entreprises de la part des géants de la tech, des gouvernements : émergence de nombreuses start-up
L’IA générative, un avantage pour les entreprises
L’utilisation de l’Intelligence Générative offre des avantages significatifs aux entreprises, notamment dans les tâches automatisées, mais aussi les processus de création.
- Elle permet d’accélérer le processus de création et de génération de contenus, tels que du texte, des images ou même du code informatique. Cela se traduit par des cycles de développement plus rapides, facilitant ainsi l’innovation.
- L’IA générative peut aussi contribuer à résoudre des problèmes complexes en générant des idées novatrices et en fournissant de nouvelles perspectives créatives.
- Aussi, l’automatisation de certaines tâches répétitives grâce à l’IA générative libère les ressources humaines pour se concentrer sur des tâches plus complexes et stratégiques.

LE CAS D’OPEN AI
Lors de la création d’OpenAI en 2015, ce n’est pas une entreprise, mais une organisation à but non-lucratif. L’objectif principal étant de développer la recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle avec une envie de démocratiser cette technologie. C’est pourquoi les premières recherches étaient en libre accès, en Open Source, comme le modèle de langage GPT (Generative Pre-trained Transformer), permettant aux chercheurs d’accéder aux modèles et de les étudier. Cependant, au fil du temps OpenAI, modifie son modèle économique et devient une entreprise lucrative en incluant des initiatives commerciales. Aujourd’hui, les modèles ne sont plus en OpenSource puisqu’ils sont sources de revenus pour l’entreprise.
LE CAS TF1
L’IA générative dans le milieu de l’audiovisuel est vue par certains comme une opportunité
“C’est formidable au sens latin, c’est-à-dire que ça fait peur” a observé Delphine Ernotte, la PDG de France Télévisions. “Il faut comprendre comment ça marche et donc l’utiliser”. Selon elle, il ne faut pas craindre « cette industrialisation des contenus » par l’automatisation, car elle va redonner toute sa place à l’incarnation et la responsabilité d’auteur.
À TF1, Rodolphe Belmer, voit aussi l’IA générative comme une opportunité pour son secteur :
« L’IA va nous aider pour indexer beaucoup plus rapidement les contenus. Mais l’IA peut être aussi au service de la qualité de la production. Ce que je subodore, c’est qu’elle va nous permettre de produire des valeurs de spectacle de façon beaucoup moins chère qu’aujourd’hui ».
TF1 voit en l’IA générative de nombreuses opportunités pour la production de fiction, notamment dans la génération d’effets spéciaux. Rodolphe Belmer espère que l’IA générative permette de créer des fictions pouvant rivaliser avec celles des géants Américains malgré la différence de budget. L’IA générative est aussi envisagée par TF1 pour être utilisée en post-production pour créer des effets réalistes ou masquer des marques ou visages.
Cependant, l’IA générative reste un outil connu du public très récemment.
Cela crée une certaine réticence par certains à l’utiliser, que ce soit, car ils ne lui font pas confiance ou ne savent pas comment l’utiliser. Aujourd’hui, peu de métiers utilisent régulièrement l’IA générative, mais de nombreuses entreprises commencent à les tester, notamment sur leur capacité à générer rapidement des idées ou des recommandations. Par exemple, l’entreprise Newen Studios (groupe de production et de distribution européen, propriété du groupe TF1), teste des IA génératives d’images pour sa production de moodboard.
L’utilisation de l’IA générative dans les entreprises sera incontournable, car celle-ci est petit à petit intégrée dans de nombreux outils, comme la future version de Microsoft Office, ou encore de Google Workspace.
L’optimisation
L’IA générative va faciliter les tâches professionnelles du quotidien, sans les faire disparaître, comme :
- La gestion des mails
- La création de présentation
- L’analyse de tableaux de données
- Etc.
Specialisation par métiers
On voit aussi le développement d’IA génératives plus spécialisées par métiers qui permettrons d’automatiser de plus en plus les tâches redondantes prenant un temps important pour les employés.
Par exemple, TF1 travaille avec Newsbridge, qui est une entreprise d’archivage de contenus vidéos utilisant un algorithme basé sur une IA générative. Cet algorithme reconnaît les éléments d’une scène, puis grâce à un modèle similaire à celui de chatGPT, il décrit le contenu sous forme de texte. Cela permet une indexation des contenus plus rapide et facile que faites manuellement.
PAROLES D’EXPERT
Retrouvez dans cet entretien :
- Des acteurs économique important pour le développement de l’IA sont les entreprises de carte graphique. L’une des entreprises majeures du secteur est le géant américain : NVIDIA.
- Il existe des monopoles sur des composants : les Etats-Unis se permettent d’interdire la vente des cartes graphiques Nvidia en Chine, pour limiter le développement de l’IA en Chine et donc garder une longueur d’avance dans ce développement technologique.
Mathieu Serrurier, maître de conférence à l’université Paul Sabatier (Toulouse)
Enseigne l’IA au niveau master. Expert en deep learning, sécurité, comptabilité sur les règles juridiques.
DÉVELOPPEMENT D’OUTILS

STIMULER L’INNOVATION CRÉATIVE
Avec le développement de nouveaux outils : une émergence de nouvelles entreprises. L’utilisation de l’IA dans le milieu créatif n’est pas nouvelle, notamment son utilisation dans le cinéma qui n’est pas récente. C’est dans les années 1990 qu’on voit les premiers algorithmes arrivés pour aider à la création de films.
Depuis, on a pu retrouver de l’IA pour les effets spéciaux dans les films le Seigneur des anneaux, ou encore la série Game of Thrones, lors desquels l’IA générative a été utilisée pour créer une foule de synthèse et de figurants.
C’est l’entreprise bretonne Goalem qui a permis de simuler les foules dans la série Game of Throne, elle a d’ailleurs reçu une Emmy Award pour son impact sur l’industrie télévisuelle.
MAIS COMMENT ÇA MARCHE ?
Goalem fournit des outils pré configurés, mais paramétrables permettant d’assembler des composants et de créer des foules modulables et adaptables à chaque plan. Certaines fonctions clé de ce logiciel reposent sur l’IA. Notamment pour modéliser des tâches spécifiques, l’outil dispose de son propre langage de programmation graphique, cela permet de décrire des comportements et de visualiser tous les éléments actifs dans ce comportement.
Jusqu’à présent, ce logiciel a été utilisé dans 150 productions télévisuelles, comme The Walking Dead, Black Panther, Spiderman…


PARTENAIRE DE CRÉATION
L’IA générative offre aux artistes la possibilité
d’utiliser de nouveaux outils technologiques
pour créer leurs œuvres. L’IA peut servir
aux artistes comme outil d’inspiration,
de suggestion, ou même d’aide pour la
création. Cela permet de faire émerger
de nouvelles idées et de stimuler
l’imagination des artistes.
→ Collectif “Obvious Art & IA” : un collectif d’artistes français (Gauthier Vernier, Pierre Fautrel et Hugo Caselles-Dupré)

UN MODÈLE ÉCONOMIQUE
Avec les nouveaux procédés de génération de contenu proposé par les IA, la production artistique devient plus rapide, quasi-instantanée. Cela permet une création en série entraînant une réduction des coûts sur le long terme.
Ce qui entraîne une modification du rôle des artistes : les artistes vont devoir diversifier leurs compétences pour concurrencer les productions faites par IA. Des artistes se spécialisent dans la programmation et dans le développement d’algorithmes pour utiliser les IA à leur avantage. De plus, de nouveaux profils d’artistes font leur apparition. Par exemple, les 3 membres du collectif Obvious à l’origine sont : l’un est mathématicien de formation, l’autre informaticien et le troisième économiste.
Tout savoir sur le collectif “Obvious Art & AI"
Collectif “Obvious Art & IA” : un collectif d’artistes français (Gauthier Vernier, Pierre Fautrel et Hugo Caselles-Dupré) ayant fait parler de lui en 2018 en vendant le portrait réalisé par une IA “Edmond de Belamy” estimé entre 7 000 et 10 000$ par la maison de ventes aux enchères Christie’s, il a finalement été vendu 432 500$. Un autre tableau, “Le Comte” a été vendu 10 000€ au collectionneur français Nicolas Laugero Lasserre. Cette œuvre réalisée par une IA fait partie d’une série de 11 portraits originaux des membres d’une famille fictive : les Belamy. Avec la vente record d’un de ses tableaux, on voit l’intérêt croissant des acheteurs et des galeries d’art pour ce genre de création.
Pour Richard Lloyd (responsable des imprimés chez Christie’s), la vente de ce portrait d’Edmond Belamy a une valeur historique : “ j’ai pensé qu’on était d’une certaine façon à un tournant. En le faisant entrer chez Christie’s, à l’épicentre du monde de l’art traditionnel, on donnait une chance à tout le monde de se demander ensemble: Qu’est-ce que ça veut dire? Quelles sont les implications pour le monde de l’art? » (interview pour l’AFP)
Le procédé utilisé pour ces œuvres est le Generative Adversarial Networks (GAN), créé par Ian Goodfellow en 2014. Ce programme est composé de deux parties :
Le générateur : avec une base de données de 15 000 portraits, il va produire un nouveau portrait
Le discriminateur : va déterminer si l’image générée est crédible.
→ Lorsque le générateur arrive à tromper le discriminateur cela signifie que le portrait est authentique. Cependant, le programme n’a pas toutes les capacités d’un cerveau humain, ce qui explique la présence de floue sur certain portrait, c’est le cas pour celui de “Edmond Belamy”.
Le collectif “Obvious” n’est pas le seul groupement d’artistes revendiquant l’IA dans leur création. Cette technologie est reprise par d’autres artistes se regroupant sous le courant du “ganisme” (GAN pour le programme précédemment vu). Mais ce mouvement est encore peu connu du grand public car l’utilisation de l’IA par les artistes n’est pas démocratisée. La technicité et le coût qu’entraîne l’utilisation de ces procédés peuvent être un frein à la diffusion de cette technologie dans l’art. On voit aussi un certain nombre d’artistes contre l’arrivée de cette technologie dans le monde artistique car cela modifie tout le modèle créatif et économique de ce domaine. Or, pour Gauthier Vernier (membre de Obvious) l’IA ne remplace pas l’artiste. Il compare l’algorithme plutôt à un appareil photographique. L’IA est donc utilisée comme un outil, c’est une collaboration entre l’IA et l’humain.
De nouveaux marchés émergent : avec la vente de l’œuvre de Obvious par le marchand d’art Christie’s, on remarque que le marché traditionnel de l’art s’ouvre aux œuvres réalisées par l’IA. Les achats de ces œuvres à un prix élevé montrent que des amateurs d’art cherchent à se procurer ce type d’œuvre. Cela peut créer l’apparition d’un nouveau marché sur le long terme.
Les artistes contre ce nouveau modèle : le cas de la grève d’Hollywood
De nombreux artistes ont fait savoir leur position défavorable à l’utilisation de l’IA dans le secteur de la création artistique. Que ce soit dû aux problèmes éthiques, créatifs ou économiques qu’engendre le développement de l’IA générative dans leur secteur.
Les grèves des acteurs d’Hollywood sont un exemple significatif de la réaction des artistes contre certains aspects du nouveau modèle de création avec l’IA.
Novembre 2021 :
Le Syndicat des acteurs de l’écran (SAG-AFTRA) a organisé une grève contre les grandes sociétés de jeux vidéo en raison des conditions de travail et de rémunération des acteurs de jeux vidéo. Ceux-ci sont menacés dans leurs emplois, car ils peuvent être remplacés par du contenu créé par IA. Cela s’applique aussi pour les doubleurs de voix par exemple.
Mai 2023 : grève des scénaristes.
Cette grève a mobilisé pas moins de 11 500 scénaristes selon Reuters. Le développement de l’IA et la peur du remplacement des humains par cette technologie a été un point clivant de cette grève. En effet, pour de nombreux scénaristes, leur métier pourrait dans un futur proche être remplacé par l’utilisation de l’IA à qui l’on peut demander de rédiger du documentaire à la fiction complète.
Juillet 2023 : grève des acteurs.
Une des revendications de cette grève est contre l’utilisation de l’IA. Comme pour les scénaristes, la peur ici est le remplacement des acteurs par des IA. Cela a déjà commencé, que ce soit avec la création de foule par ordinateur, ou en créant l’avatar de n’importe quel acteur en utilisant la modélisation 3D et la reconnaissance faciale. Ce procédé se retrouve dans le film “Rogue One : A Star Wars Story, lors duquel l’acteur Peter Cushing, décédé en 1994, a été virtuellement ressuscité. Le 13 juillet 2023, Duncan Crabtree-Ireland (le négociateur en chef du SAG-AFTRA) avait affirmé publiquement que les studios souhaitaient pouvoir “scanner les figurants et les répliquer jusqu’à la fin des temps” sans leur consentement.
L’IA et cette reproduction des acteurs seraient utiles aux studios pour utiliser les figurants le moins de temps possible, car ils auraient une version numérique à utiliser indéfiniment. L’AMPTP (l’alliance des studios d’Hollywood) a assuré que cela était faux et qu’il était prévu d’obtenir le consentement des acteurs et leur juste rémunération pour utiliser cette technologie. → Cette grève a pris fin en novembre 2023.
Lire l'accord de fin de grève
- L’acteur doit recevoir le même salaire pour l’utilisation de sa réplique numérique que ce qu’il aurait gagné en effectuant lui-même le travail pour les figurants, aucune réplique numérique ne peut être utilisée pour se soustraire à la participation et au paiement d’un acteur figurant
- Le consentement des acteurs ayant droits est obligatoire pour chaque utilisation de sa réplique numérique, que ce soit pour l’intégralité du corps de l’acteur ou une seule partie.
- De plus, le contrat doit fournir une “description raisonnablement précise” de la manière dont cette réplique sera utilisée.

EN CONCLUSION
- L’IA générative a modifié le monde de l’entreprise en offrant des solutions d’automatisation des tâches, mais aussi d’assistance de l’humain pour accélérer les process et donc améliorer les coûts.
- L’IA générative est un secteur des nouvelles technologies en fort essor dans lequel de nombreux investissements sont faits, et cela n’est pas prêt de s’arrêter.
- l’IA générative modifie également le secteur de l’art, en ouvrant la voie à de nouvelles techniques, de nouvelles œuvres et donc un nouveau marché.
- Cependant, l’IA générative et son utilisation représentent aussi des défis majeurs pour les professionnels de secteurs menacés de remplacement, total ou partiel.
Cependant, pour de nombreux experts, ce remplacement n’aura pas lieu, car l’IA ne peut produire que des reproductions des données qu’elle possède, un humain sera toujours nécessaire pour pousser la créativité et innover. Mais si l’IA ne peut sûrement pas remplacer tous les scénaristes, la réalité est que si son utilisation augmente, les gains de productivité seront spectaculaires et donc moins d’emplois de scénaristes seront nécessaires.